En douceur, Julien Rieu de Pey nous ouvre pour la première fois, la porte de son univers personnel, un lieu atypique où la basse, son instrument de prédilection, presque seule en permanence même si, ici ou là, s’invitent au bal batterie, violon et vibraphone, délivre des sonorités tour à tour fortes ou aériennes, puissantes ou sensibles, où la voix, chaude et enveloppante, vient nous caresser pour mieux nous embarquer dans une vibration intérieure qui fait appel à tous nos sens.
Loin des chemins balisés, même s’il s’inscrit totalement dans une certaine tradition de la chanson française, Julien Rieu de Pey trace, avec ce premier EP, un sillon qui n’appartient qu’à lui, où son jeu de bassiste – que l’on a pu entendre au fil du temps aux côtés de Sanseverino, Christian Olivier (Têtes Raides), Nicole Rieu, Lola Lafon ou Felix Sabal-Lecco (batteur entre autres pour Manu Dibango, Youssou N’Dour, Salif Keïta ou France Gall) – porte sa voix vers des contrées singulières, entre chanson et rock, psyché et folk, un monde en creux et déliés qui parle à nos émotions autant qu’à notre esprit.
Avec cet EP, fruit exquis et délicat, né de toutes ces rencontres, de tous ces moments de partage, il offre à son instrument une place qu’il n’a pas forcément l’habitude d’avoir et, ce faisant, bouscule, pour la bonne cause, nos certitudes, nos habitudes. Il n’y a alors plus qu’à se laisser envahir par la vibration tellurique de cette musique pour, en sa compagnie, faire ce beau, tendre et contemplatif voyage, au-delà de ces nuages qui semblent avoir tant d’histoires à nous raconter, à la recherche de ce temps – pas totalement perdu – qui résonne et façonne nos vies, de cet impalpable objet du désir qui nous pousse à courir vers demain, cette idée folle, encore et toujours, avant que tout ne disparaisse.
Pour peu, alors, que l’on soit d’accord pour laisser les vagues nous emmener où bon leur semble, ici ou là, à la découverte de nos rêves qui se cachent ou de nos existences qui s’enivrent, nul doute que la beauté de ce tableau, parfois abstrait, parfois impressionniste, viendra caresser nos sens, pour mieux les réveiller et nous procurer quelque émotion inhabituelle.
Julien Rieu de Pey nous propose, avec «Seules les vagues», une parenthèse enchantée qui se déguste en douceur, afin d’en savourer pleinement la poésie délicate, et, dans la forme des nuages qu’il peint devant nos yeux, mettre quelques mots sensibles sur nos rêves inassouvis.