Loin des codes, des chemins tout tracés que parfois l’on nous demande de suivre aveuglément, existe une autre vision, une autre façon d’envisager les choses, de créer et de jouer. Ainsi, au croisement des esthétiques peut-on trouver des musiciens tels que Thomas Laffont, défricheur infatigable de textures sonores mises au service de mélodies qui savent faire fi des genres, des frontières que le temps a imposé comme évidentes ou naturelles. Adepte d’une fusion qui laisse derrière elle l’expérimentation pour faire la part belle au métissage et au plaisir, il laisse sa basse 5 cordes, voguer en toute liberté, s’échapper au besoin dans quelques improvisations échevelées. S’inscrivant dès ses débuts dans la lignée des Miles Davis, Erik Truffaz ou encore Snarky Puppy, Thomas Laffont n’aime rien tant que ce jazz électrisant, ébouriffant, évoluant au-delà de sa zone de confort, cette musique à son image, humble et joyeuse, n’ayant pour but que de donner du plaisir à ses auditeurs.
Il était donc naturel qu’il s’allie avec d’autres musiciens, Jules Lapébie à la guitare, Franck Lamiot à l’orgue hammond et Arthur Billès à la batterie, tous issus comme lui de la scène marseillaise, amateurs d’univers singuliers et de mélodies chantantes, pour aller explorer des contrées musicales où la mélancolie le dispute à la fraîcheur, où l’énergie est permanente et l’imagination toujours prend le pouvoir. De leur rencontre, de la confrontation de leurs influences et talents, est né un album, «The House by the Sea», en forme de rêve agité, voyage instrumental à bord d’un navire hors du commun nous invitant, bien que voguant sur des eaux tourmentées, à une douce dérive sur une mer de sérénité, nous offrant un périple enthousiaste, à la confluence d’improvisations jazz, de grooves urbains, de reggae et de rock, zone tumultueuse où tout semble permis, où l’imagination s’empare de tous les rythmes passant devant elle pour créer des morceaux qui savent suffisamment prendre leur temps pour nous embarquer dans une autre dimension, celle d’une musique s’affranchissant de tout a priori pour déposer un peu de bonheur au fond de nos oreilles et beaucoup de rêves, plus ou moins heureux, dans nos esprits.